Syrien, Mohamad doit répondre d’aide à l’entrée de migrants en France. Arrêté par la douane ce 19 octobre, le prévenu est assisté d’une interprète. « Je suis passé en France parce que la vie était difficile », explique l’homme, posture inhibée, à la barre du tribunal judiciaire de Montauban.
« On m’a dit, ils dorment dans la rue ; ils ont besoin de ton aide. », et de se rendre à leur rencontre avec l’aide du GPS, selon ses explications. « J’ai ramené ces quatre personnes chez moi car je ne savais pas qu’il ne fallait pas le faire… Ils ont mangé et se sont douchés… Ensuite, ils m’ont dit qu’ils voulaient aller à Paris. »
Récupérés à la frontière espagnole
La présidente reprend sur les auditions « accablantes » : « Ils disent que vous les avez récupérés à la frontière espagnole… », et de nombreuses questions seront posées par la magistrate. Il va s’avérer que les réponses diffèrent avec ses explications en garde à vue. D’autres éléments sont abordés : deux adresses à Toulouse et en Espagne. A noter des portables différents et pendant les perquisitions, la récupération de nombreuses cartes sim. « Je les avais lorsque j’étais en Suède. » Porteur de 305 euros en espèce lors de son interpellation. « J’ai retiré 800 euros de mon salaire. » ; « On n’a pas retrouvé la preuve. », rétorque la présidente. Une question sur l’achat d’un véhicule à 20 000 euros. « J’ai pris un crédit ».
« J’ai des preuves pour tout »
Le chef d’entreprise toulousain cumule un emploi avec l’Espagne. Des éléments téléphoniques à charge, reprend la juge. Le prévenu donne des explications professionnelles : « J’ai des preuves pour tout. Si vous voulez des papiers… ». De rajouter : « C’est la première fois que je prends des étrangers avec moi. J’ai mon travail et j’envoie de l’argent à ma famille ». Technicien de maintenance en vidéo, il a créé une activité avec un associé et cumule un emploi en qualité de salarié. Le procureur rappelle que le prévenu fait des voyages entre la Belgique, l’Espagne et l’Allemagne. « Il apparait que monsieur a menti… Une activité de passeur… Inconnu de la justice… Je vous demande de rentrer en voie de condamnation… », requérant 4 mois de prison et maintien en détention.
« Bénéficiaire d’un statut protecteur »
La défense : « Il rend service à des compatriotes qui voulaient aller à Paris… C’est possible que dans le cas de son activité professionnelle, il soit amené à se déplacer régulièrement… Il les a récupérés, c’est confirmé… Ils ont expliqué que c’était un ami de la famille… Bénéficiaire d’un statut protecteur en Espagne, casier judiciaire néant en France… », reconnu coupable, 8 mois de prison avec sursis et 2 ans d’interdiction de territoire.
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